Plafond de l'Hôtel-Dieu

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L'Hôtel-Dieu-le-Comte

Un écrin d'architecture d'exception pour la Cité du Vitrail

La Cité du Vitrail se situe au cœur de Troyes, la capitale historique de la Champagne. Elle est installée dans l’aile ouest de l’Hôtel-Dieu-le-Comte, Monument historique classé reconstruit au XVIIIe siècle, mais dont le passé hospitalier remonte au XIIe siècle, moment de sa fondation par le Comte Henri Ier de Champagne.

Vue générale de l'Hôtel-Dieu-le-Comte © Studio OG
Vue générale de l'Hôtel-Dieu-le-Comte

L’Hôtel-Dieu-le-Comte est un des rares édifices troyens en pierre de taille datant du XVIIIe siècle.

L’ingénieur Philippe Delaforce conçoit un bâtiment classique qui se traduit par une architecture en pierre de taille, un plan en « U », de nombreuses fenêtres hautes et larges, de grandes baies ouvertes, de grands toits couverts en ardoise violine de Fumay. La grille monumentale en fer forgé et doré, posée en 1760 assied le caractère prestigieux de l’édifice.
Marqué par l’architecture hygiéniste du XVIIIe siècle, l’Hôtel-Dieu-le-Comte est caractérisé par des espaces aérés, spacieux et volumineux, laissant pénétrer l’air et la lumière qui contribuent au soin des malades.

Historique du bâtiment : une vocation hospitalière (XIIe-XXIe)

Fondation de l'Hôtel-Dieu

L’Hôtel-Dieu est fondé en 1157 par une donation d’Henri Ier le Libéral (1127-1181), comte de Champagne. Administré par les religieuses de l’ordre de Saint-Augustin, il aura pour vocation d’accueillir, selon les siècles, les pauvres, les malades, les indigents, les femmes en couche, les nouveau-nés abandonnés...

Vue de l'aile ouest de l'Hôtel-Dieu-le-Comte © Studio OG
Vue de l'aile ouest de l'Hôtel-Dieu-le-Comte

Modifications et agrandissements successifs

Menacé de ruine, il est entièrement reconstruit au début du XVIIIe siècle. Le bâtiment en bois laisse place à un nouvel édifice en pierre de taille. Il est rebâti selon un plan en « U », entre cour d’honneur et jardin. Le nouveau bâtiment répond aux nouvelles normes hygiénistes et ses exigences de salubrité et d’ensoleillement : larges fenêtres, espaces de circulation aisés, grands volumes de pièces permettent une meilleure prise en charge des malades.

L’Hôtel-Dieu est doté d’une chapelle en 1762, dont le décor a été entièrement repensé en 1860 : peintures murales, boiseries, mobilier et luminaires. Les vitraux réalisés par l’atelier Erdmann & Kremer ont été détruits par une explosion pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul le vitrail du chœur, représentant la donation de l’Hôtel-Dieu par Henri Ier le Libéral est encore conservé.

La reconstruction de l’Hôtel-Dieu au XVIIIe siècle s’acheva avec la pose du cadran solaire en 1764, pensé et conçu par Jean-Baptiste Ludot, savant et écrivain troyen. Il possède la caractéristique d’être double, ce qui en fait un des plus précis de France : minutes, heures, signes du zodiaque, saisons et mois de l’année sont gravés dans la pierre sur 10 mètres de hauteur. Il était accompagné d’une inscription, aujourd’hui disparue : « Les cieux célèbrent la gloire de Dieu/Tu es l’ouvrage du Très-Haut, soleil admirable. Fugit irreparabile tempus ». A cet ensemble s’ajoute en 1760 la grille de la cour d’honneur, en fer forgé et partiellement dorée, réalisée par le serrurier parisien Pierre Delphin.

Hôpital, hospice, lieu d’exposition

Pendant huit siècles, l’Hôtel-Dieu assure une fonction hospitalière. En 1954, les malades sont transférés dans un nouvel hôpital construit en périphérie de la ville, sur le site des Hauts-Clos. Jusqu’en 1988, l’Hôtel-Dieu reste propriété de l’hôpital qui le transforme en hospice pour personnes âgées. L’apothicairerie et le laboratoire témoignent aujourd’hui de ce passé hospitalier.
C’est en 1990 que le Département de l’Aube rachète l’ensemble du bâtiment pour le transformer en haut-lieu culturel, universitaire et touristique :

  • 2 octobre 1990 : le Département de l’Aube achète l’Hôtel-Dieu.
  • 1990-1994 : réhabilitation de l’aile est et sud, investie par le campus universitaire des Comtes de Champagne (antenne de l’Université de Reims)
  • 2013 : restauration des communs du XIXe siècle pour y accueillir l’espace de préfiguration de la Cité du Vitrail (170 000 visiteurs en 5 ans)
  • 2018-2021 : restauration de l’aile ouest, de la chapelle, du bâtiment de l’Apothicairerie et du jardin pour y accueillir la Cité du Vitrail.

 

Le jardin de l’Hôtel-Dieu

Poumon vert de 2 800m² en cœur de ville, le jardin est un lieu de promenade pour les visiteurs le long d’allées agréablement ombragées, pouvant accueillir des animations et des événements ponctuels.
La restitution paysagère s’est faite dans le respect de son apparence historique du XIXe siècle, dans l’esprit d’un jardin hospitalier. La première mention cadastrale de ce jardin remonte à 1808. Planté d’arbres en alignement, il offrait deux allées de promenades : celle des malades (au nord) et celle des religieuses (au sud).

Jardin de l'Hôte-Dieu-le-Comte
Jardin de l'Hôte-Dieu-le-Comte

Le chantier de restauration

Au total, 33 mois de travaux ont été nécessaires pour assurer l’entière restauration de l’aile ouest de l’Hôtel-Dieu. Ce chantier a été financé quasi exclusivement par le Département de l’Aube pour un budget de presque 16 millions d’euros.
Le bâtiment étant classé au titre des Monuments historiques, cette restauration a été menée sous la maitrise d’œuvre d’Eric Pallot, architecte en chef des Monuments historiques. Au total, 14 entreprises habilitées à travailler sur un Monument historique, dont 12 entreprises auboises, ont participé à ce chantier. Trois autres entreprises se sont occupées de la restauration du jardin.
Des peintures murales de la chapelle à l’escalier monumental, retour en images sur ces lourds travaux de restaurations.

 

Un projet scénographique au plus près de l’expérience du vitrail

La scénographie et la signalétique de l’ensemble de la Cité du Vitrail ont été confiées à l’agence de design multidisciplinaire GSM Project, basée à Montréal (Canada). Fondant son expertise muséographique sur le design d’exposition et l’expérience émotionnelle du visiteur, GSM Project propose une approche simple et collaborative, sensorielle et à échelle humaine, prenant en compte les contextes historiques, sociaux, architecturaux qui ont façonné l’art du vitrail.


En dialogue étroit avec l’ensemble de l’équipe de la Cité du Vitrail (conservation, communication, médiation) et des experts dans le domaine du vitrail, GSM Project a conçu une scénographie discrète et atemporelle. En laissant toute leur place aux œuvres, à l’éclat, à la délicatesse de la peinture sur verre et à la couleur du vitrail, cette scénographie dévoile cet art aux visiteurs en tirant parti de l’architecture des lieux.


La scénographie s’inspire des éléments d’un atelier de maître verrier, comme les grandes surfaces de travail lumineuses, le système de rangement du verre ou encore le plomb et en choisissant du mobilier à structure métallique. Le mobilier est conçu pour s’adapter aux différentes exigences de présentation. Sa modularité a été étudiée avec attention pour faciliter le renouvellement des œuvres. L’utilisation de matériaux neutres et le choix monochrome du noir et du blanc pour le graphisme laissent toute leur place aux couleurs des vitraux et en permettent un agencement harmonieux.


La scénographie privilégie une approche active et accessible du vitrail : faire toucher et apprécier par le visiteur toute la richesse narrative de l’iconographie vitrée et rendre accessibles, sensibles et lisibles les sens et symboles des vitraux en insistant sur l’exposition de vitraux à hauteur de regard.


Un système d’autoportants permet de conserver toute la transparence du verre en s’affranchissant des contraintes d’architecture, afin de faciliter une expérience contemplative et sensorielle.

 

Le défi de la lumière

L’éclairage des vitraux a été l’un des plus grands défis scénographiques. Selon le cas de figure, il faut contrôler et adapter la source lumineuse qui vient traverser le vitrail, pour faire pleinement ressortir toutes les nuances et variations du verre et du motif coloré. Les cinq années de préfiguration de la Cité du Vitrail ont permis de travailler sur cette question et d’affiner les choix. De même, Alain Vinum, ancien maître verrier et consultant auprès de l’architecte de la rénovation de l’Hôtel-Dieu, a mené sur plusieurs mois une étude sur la lumière au sein du parcours. L’agence scénographique s’est également associée à l’agence de concepteurs lumières 8’18’’ (Paris) pour imaginer tous les principes d’éclairage des vitraux et du mobilier en intégrant et en miniaturisant autant que possible l’éclairage.